Appel à communications (2010) : Eloquence et action au temps de la Renaissance

ÉLOQUENCE ET ACTION AU TEMPS DE LA RENAISSANCE – Colloque international Printemps 2010 (date précise non encore fixée)

Appel à communications

Cicéron oppose éloquence et rhétorique dans les premières pages du De Oratore : c’est en prenant des leçons de ceux qui avaient une éloquence naturelle que l’art de la rhétorique est né. L’éloquence (don naturel) n’est pas une conséquence de la rhétorique (art), mais la rhétorique l’est de l’éloquence. La rhétorique ne doit jamais oublier son rapport à la nature.(cité par B. Vickers, In Defence of Rhetoric, (1988), Clarendon Paperbacks, 1990, p. 1) Or, aux cours des âges, la rhétorique devenue prescriptive finit par s’isoler du sens, de la création, de l’action humaine et devenir l’exercice stérile d’hommes obscurs, abîmés dans le silence de la vita contemplativa. Lorsque les prêtres donnent plus dans les mots que dans le contenu, chante le fou dans Le Roi Lear (III, 2), le royaume n’est pas loin du pourrissement.
Puisque le colloque se donne pour but de comprendre la spécificité de cette relation séculaire entre éloquence et action à la Renaissance, l’action n’est autre dans cette relation entre ces deux termes, que le concept suggéré par la vita activa, tout ce qui touche la vie sociale et politique et que la Renaissance privilégie. Le colloque devra affiner cette opposition entre ces concepts utilisés dans leurs contextes médiévaux et dans ceux de la Renaissance pour éviter toute dualité caricaturale (Lagarde, La Naissance de l’Esprit Laïque au déclin du moyen age, Secteur social de la scolastique (vol. III), Paris Droz, 1942, chapitre 1). Si l’action dans ce sens se distingue ainsi de l’actio, la cinquième tâche de la rhétorique, qui met en œuvre le corps même de la parole, la voix et le geste, qu’il soit de la main ou de l’œil, elle peut aussi l’inclure. Ainsi les gestes et les regards de l’acteur jouent un rôle politique à la cour d’Elsinore.
Le colloque se propose de comprendre comment la Renaissance a repris le grand débat classique qui opposait Platon à Aristote sur la valeur éthique de l’éloquence et de son art, la rhétorique. Comment Les oppositions mots/ choses (res, verba), mots/ faits et mots /actes, se relaient entre elles pour fonder des théories du langage qui d’un côté peuvent aboutir à un scepticisme sur le pouvoir des mots ou au contraire sa valorisation, allant jusqu’à faire de l’éloquence une arme contre la violence, comme le suggère Politien. Le renversement graduel de la suprématie de la raison sur la volonté en celle de la volonté sur la raison a des effets sur la fonction même de la rhétorique qui privilégie parmi ses trois fonctions, movere, docere, delectare celle qui consiste à émouvoir. (B. Vickers, In Defence of Rhetoric, (1988), Clarendon Paperbacks, 1990, p. 275-282 et passim).
Mais cette valorisation de l’éloquence dans son rapport à l’action, doit être nuancée par une réflexion sur l’origine réaliste ou nominaliste (S. Penn, « Literary nominalism and medieval sign theory. Problems and perpectives », in H. Keiper, C. Bode, R. J. Utz eds, Nominalism and Literary Discourse, New Perspectives, (Critical Studies, vol 10), Rodopi, Amsterdam-Atlanta GA, 1997) du scepticisme par rapport à l’éloquence, très présent à la Renaissance.

Les communications de ce colloque, examinées par le comité de lecture de la S.I.R.I.R, constitué de spécialistes de la question, seront publiées dans la collection de la S.I.R.I.R aux éditions Brepols. Les propositions de communications (un résumé d’une page maximum) ainsi qu’un curriculum vitae sont à envoyer au plus tard le 30 novembre 2009 à : Marie-Madeleine.Martinet@paris-sorbonne.fr ou : Marie-Madeleine Martinet, 104 Boulevard Arago, 75014 Paris, France

Sauf cas exceptionnel, la S.I.R.I.R ne prend pas en charge les frais de séjour à Paris. Une invitation officielle nécessaire à l’établissement des ordres de mission sera délivrée sur demande.

Présidente : Marie-Madeleine Martinet, Université Paris IV-Sorbonne.
Vice-présidents : Jean Céard, Université de Paris X ; A. J. Hoenselaars, Université d’Utrecht
Margaret Jones-Davies, Université Paris IV-Sorbonne, responsable des relations avec l’éditeur
Florence Malhomme, Université Paris IV-Sorbonne, responsable de la publication
Jean-Claude Margolin, Université F. Rabelais de Tours
Secrétaire : Wendy Ribeyrol, Université de Paris XII
Trésorier : Denis Lagae-Devoldère, Université Paris IV-Sorbonne