Activités du GRAL – 2015-2016

Conférence Rhétorique et médecine: une surprenante analogie ?

par Salvatore Di Piazza

14 mars 2016 de 15h00 à 17h00 – DC11.210 (ULB)

Si de nos jours l’affinité entre médecine et rhétorique peut surprendre, ce n’était certes pas le cas chez les Grecs anciens qui y voyaient une association topique. En effet, à partir de l’analogie entre logos et pharmakon proposée par Gorgias, les deux disciplines s’entremêlent à différents niveaux dans la philosophie ancienne. Dans ce contexte, nous allons surtout focaliser notre attention sur le modèle épistémologique que les deux disciplines partagent, un modèle qui trouve ses racines dans le paradigme indiciaire analysé, des siècles plus tard, par C. Ginzburg.

Télécharger l’affiche

Table ronde sur la vraisemblance

12 février 2016 de 14h00 à 17h00 – AZ4.103 (ULB)

Paul Aron (Université libre de Bruxelles) – Y a-t-il un “contrat de vraisemblance” littéraire ?

Il s’agira dans cette présentation d’examiner l’idée d’un «  contrat de vraisemblance  » dans le domaine littéraire. Le but est de voir quelle est encore l’actualité du concept : en avons-nous besoin pour analyser des oeuvres aujourd’hui, et si oui, selon quelles modalités  ? Peut-on parler « d’indicateurs de vraisemblance » narratifs et/ou métanarratifs ?

Salvatore Di Piazza (Università degli Studi di Palermo) – Imaginer la vérité. À propos de la notion grecque d’eikos

L’analyse sémantique de la notion grecque d’eikos, dont la traduction est «  vraisemblable  », « probable », renvoie aux concepts d’imagination et de ressemblance. Mais l’eikos concerne aussi le domaine de la vérité lorsqu’il n’y a pas de certitude ; par exemple dans le cas de la rhétorique, de la médecine et, en générale, des arts conjecturaux. Dans ces cas, la vérité est imaginée au nom d’une régularité — laquelle admet toutefois des exceptions. Or, c’est justement cette régularité qui nous permet de reconstruire le passé et le présent, et de prophétiser l’avenir moyennant une marge d’erreurs propre aux affaires humaines.

Marc Dominicy (Université libre de Bruxelles) – La vraisemblance et l’exemplarité de l’exception

La conception aristotélicienne de la vraisemblance poétique repose sur deux fondements. Nous trouvons, d’un côté, l’analyse du hasard (dans ses deux variétés) qui est issue de la « Physique » et, d’un autre côté, la définition de la mimésis à partir de la distinction entre individus et types. Si l’on tient compte de ces deux paramètres, on peut comprendre pourquoi l’exceptionnel (« l’invraisemblable » du sens commun) peut être source de « vraisemblance », et donc fournir une « exemplarité » qui ne dépende en aucune manière du retour fréquent de certains scénarios actionnels. Cette doctrine est parfaitement compatible avec des approches actuelles, en l’occurrence la théorie searlienne de l’Intentionnalité « comme-si » et la théorie des prototypes ou des stéréotypes.

Organisation et contact : Emmanuelle Danblon et Julie Dainville

Voir l’affiche de l’événement

Journée d’étude « Entre rhétorique et philologie: pour une réhabilitation des liens entre théorie et pratique »

11 février 2016 de 10h00 à 17h30 – Maison des Arts (ULB)

10h00 – ouverture de la journée par Julie Dainville et Benoît Sans

10h15 – Francis GOYET Penser par les exemples : le conciones, “bréviaire du rhétoricien”

11h00 – pause

11h15 – Pierre CHIRON La philologie au secours de la rhétorique vivante : le cas du De inventione du Ps.-Hermogène

12h00 – Salvatore DI PIAZZA Le strabisme de la rhétorique. Le statut épistémologique de la techne selon Aristote

12h45 – Déjeuner

14h00 – Cristina PEPE À l’école de Rhodes : un modèle de rhetor à l’époque hellénistique

14h45 – Guillaume TEDESCHI Du Lycée au Musée : l’utilisation des concepts rhétoriques aristotéliciens dans la philologie alexandrine

15h30 – pause

15h45 – Julie DAINVILLE Rhétorique et réputation historique: le cas de la Pythie dans l’œuvre d’Hérodote

16h30 – Benoît SANS et Naïm VANTHIEGHEM L’apprentissage de la rhétorique au regard de la papyrologie

17h15 – Emmanuelle DANBLON et Alain DELATTRE Conclusion de la journée

Télécharger le programme

Organisation : Julie Dainville et Benoît Sans

Sous la direction scientifique d’Emmanuelle Danblon et Alain Delattre

Colloque “La fonction prophétique. Intuition, anticipation, narration

5 et 6 novembre 2015 – Institut d’Etudes avancées de Paris

Présentation

La fonction prophétique du langage, connue dans l’antiquité et perdue aujourd’hui, fait intervenir un éventail de facultés humaines (perception, intuition, compréhension, formulation, anticipation, transmission) qui ensemble rappellent la mission de la fonction testimoniale. Le défi consiste à éclairer ces deux figures de l’activité humaine l’une par l’autre, celle du prophète et celle du témoin. Loin de se concentrer sur la question religieuse (divination, inspiration), il s’agira d’explorer la fonction rhétorique de celui qui vient porter témoignage devant le monde d’un événement qu’il a lui même vécu directement, par les sens, et qui est ensuite investi de la responsabilité de délivrer un message à la communauté. Plus l’événement présente un caractère inattendu pour les sens, invraisemblable pour la raison et ineffable pour la parole, plus la fonction testimoniale et prophétique sera mise au défi. La disparition prochaine des derniers témoins de camps d’extermination nous engage à une meilleure compréhension de la fonction prophétique/testimoniale. Nous laissons de côté la dimension politique, historique et philosophique pour nous concentrer sur la question cognitive, linguistique et rhétorique de ce nouveau défi pour la connaissance et la société.

1) Comment perçoit-on un événement (sensations, intuitions, émotions) ?
2) Comment comprend-on la portée d’un événement (jugement, anticipation) ?
3) Comment formule-t-on un événement (choix des formules et genres de discours) ?
4) Comment reçoit-on un événement (à quelles conditions l’imaginaire et les institutions de notre société sont-elles en mesure de s’emparer du message du témoin/prophète pour le bien commun ?)

Intervenants

Sylvie Barnay (Université de Lorraine) : « Le prophète, interprète de l’histoire : quelques perspectives de recherche »
Alain Berthoz (Collège de France) : « Perception, anticipation et prédiction. Le point de vue des neurosciences. »
Pierre Gibert (Centre Sèvres) : « Témoignage et prophétie. Retour sur le vocabulaire biblique »
Roland Jouvent (Université Pierre et Marie Curie) : « Du témoin prophète pour le bien commun. Comment faire de la réalité un plaisir psychique ? »
Alain Rabatel (Université Lyon 1) : « Témoignage et prophétie. Ressemblances et différences dans la fonction narrative ».
Michaël de Saint-Cheron : « Levinas, témoin ou prophète de notre temps ? »
Armin Schnider (Université de Genève) : « Discernement entre fantasme et réalité dans les mécanismes d’anticipation ».
Emmanuelle Danblon (Université libre de Bruxelles) « Pour une archéologie de la fonction prophétique »