Journée d’étude du GRAL : « Les fonctions de l’épidictique : pratiques et frontières » (12 décembre 2013, ULB)

JOURNÉE D’ÉTUDE DU GRAL

Les fonctions de l’épidictique.
Pratiques et frontières

Jeudi 12 décembre 2013

Le genre de l’éloge et du blâme, que la tradition a conservé jusqu’à aujourd’hui sous le nom d’« épidictique », représente, trop souvent, le parent pauvre des études rhétoriques. Elles n’en retiennent, à de rares exceptions, que des traits convenus et généraux. Comme si, face à la puissance argumentative, face au sérieux viril du judiciaire et du délibératif, le genre épidictique – associé aux paroles dérisoires et aux discours convenus ; aux populistes et aux propagandistes de tout poil – ne pouvait occuper une place de choix dans la cité ni dans les esprits. Force est d’ailleurs de constater combien nos démocraties européennes, démocraties modernes, avides de transparence et d’expertise, n’ont cessé d’en réduire le rôle et les prérogatives dans nos institutions. À l’évidence, il demeure un véritable malaise, une méfiance, voir une défiance scientifique, sans doute aussi politique et éthique, face à ce genre de discours dont on ne sait trop que faire faute de le pratiquer, meilleure manière d’en éprouver les potentialités et la valeur. Cette Journée d’étude du GRAL invite à redonner un peu de consistance à ce genre-là. Il s’agit de repenser sa place dans le champ rhétorique, d’en explorer les outils, les ressources, mais aussi les détours sur lesquels s’appuie sa pratique, d’en questionner les usages (discrets ou ignorés) autant que les frontières. Quelles sont les fonctions (sociales, politiques, psychologiques) du genre épidictique ? Comment le pratique-t-on ? Peut-on s’y exercer ? Quels sont ses rapports à l’argumentation ? Quelle place accorder au blâme ? Quel est son statut face aux deux autres genres rhétoriques ? Comment s’articulent, en son sein, les couples : concorde / discorde ; accord / désaccord ? Autant de questions qui viendront nourrir nos travaux et les discussions de cette journée du GRAL consacrée à un genre qui pour être mal compris, n’en constitue pas moins, étrange paradoxe, la pierre angulaire d’une rhétorique bien comprise.

PROGRAMME

Claudie MARTIN-ULRICH (U. de Pau) : « Parénétique de la consolation. »
• Discutant : Emmanuelle DANBLON (ULB, GRAL)

Marco MAZZEO (U. de la Calabre) : « Une frontière de l’épidictique : l’ordalie et la pensée en action. »
• Discutant : Victor FERRY (F.R.S.-FNRS – ULB, GRAL)

Camille RAMBOURG (U. de Paris-Est) : « Éloge / blâme et prévention de l’auditeur : une frontière du genre épidictique. »
• Discutant : Benoît SANS (F.R.S.-FNRS – ULB, GRAL)

Loïc NICOLAS (F.R.S-FNRS – ULB, GRAL) : « L’épidictique de Chaïm Perelman : assise et pivot de l’édifice rhétorique. »
• Discutant : Salvatore DI PIAZZA (U. de Palerme, Eikos & ULB, GRAL)

La journée d’étude se tiendra de 10h00 à 17h00
Université Libre de Bruxelles (Campus du Solbosch)
Maison des Arts – Av. Jeanne, 56
1050 Bruxelles

Informations : gral@ulb.ac.be
Site de référence : http://gral.ulb.ac.be

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Annonce de parution : L’épopée peule du Fuuta Jaloo. De l’éloge à l’amplification rhétorique (A. O. Barry)

L’équipe du GRAL est heureuse d’annonce la parution de l’ouvrage d’Alpha Ousmane BARRY : L’épopéé peule du Fuuta Jaloo. De l’éloge à l’amplification rhétorique, aux Ed. Karthala (coll. Lettres du Sud), 360 pages.

Présentation de l’éditeur : Les griots, qui sont les acteurs des œuvres orales analysées dans cet ouvrage, forment une caste spécialisée dans l’art de l’éloquence. Ils composent des panégyriques ou des récits qui retracent les actes de vertu des princes, des rois ou des personnes illustres. Le corpus de référence provient de Guinée, où les Peuls sont depuis longtemps passés maîtres en littérature, que ce soit à l’écrit ou à l’oral. L’étude pose la nécessaire question de la émoire et de sa prééminence dans les sociétés qui accordent la primauté à l’oral sur l’écrit. Le patrimoine verbal n’est pas un simple dépôt de sédiments divers qu’il suffirait de remettre au jour périodiquement. L’œuvre orale résulte d’une tension qui articule le passé, le présent et l’avenir, ce qui en fait une production en perpétuel devenir. Comment la communauté peule évolue-t-elle dans le temps tout en perpétuant son atrimoine culturel selon diverses modalités d’expression ? Gardant à l’esprit cette complémentarité entre écrit et oral, l’auteur s’est penché sur la elation qu’entretiennent le texte épique, la mémoire collective et la parole du griot. En s’appuyant sur une rhétorique abondamment revisitée par les auteurs contemporains, A. O. Barry a pris pour référence les grands thèmes qui ont préoccupé la pensée grecque depuis l’Antiquité. L’objectif poursuivi n’est ni une description linguistique du texte épique peul, ni le rétablissement d’une vérité historique qui serait contenue dans l’épopée. L’approche de ces œuvres orales prend en compte trois dimensions : leur composition artistique et esthétique, les figures rhétoriques de l’éloquence épique ainsi que leur contenu idéologique.

Alpha Ousmane BARRY est enseignant-chercheur au Laboratoire de sémiotique linguistique didactique informatique (LASELDI) de l’Université de Franche-Comté (Besançon). Spécialisé en analyse du discours et communication politique, il est fondateur du Réseau de recherche Discours d’Afrique.

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